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On va se parler franchement. En franchissant le pas de la porte de Signature, le restaurant de Coline Faulquier située dans le huitième arrondissement de Marseille, on ne s’attendait pas à causer bricolage avec la cheffe marseillaise. Et c’est pourtant en pleine séance de montage de meubles que l’ancienne finaliste de Top Chef nous accueille. « On a changé plein de trucs pendant le confinement, énumère Coline Faulquier. Mon équipe faisait la vente à emporter et pendant une semaine par exemple, j’ai refait tout le carrelage. »
Pour Coline Faulquier, c’est l’heure des derniers préparatifs avant un grand jour. La cheffe délaisse un temps la perceuse, s’ouvre une bière (marseillaise, s’il vous plaît) et se pose à l’arrière de son restaurant. Son bras laisse entrevoir un nouveau tatouage, qui rappelle, si besoin est, que cette réouverture ne sera peut-être pas semblable aux centaines d’autres réouvertures de restaurants que va connaître la France cette semaine.
« Ah oui c’est vrai ! Je zappe un peu »
Au-dessus d’une casserole, un dessin évoque Marseille avec, au bout, une étoile. En pleine crise sanitaire, cet hiver, Coline Faulquier a été portée aux nues pour le guide Michelin, en décrochant l’ultime distinction, moins de deux ans seulement après l’ouverture de son établissement. Le célèbre guide rouge l’a également élue jeune cheffe de l’année, braquant tous les projecteurs sur la Marseillaise.
Mais quand on évoque ce dernier titre, décernée alors qu’elle avait enfin pris un peu de temps pour voir sa famille en Martinique, la jeune cheffe a une réaction aussi surprenante qu’éloquente sur son état d’esprit. « Ah oui, c’est vrai ! Je zappe un peu. » Un sourire gêné s’installe sur le visage de la cheffe étourdie.
« J’ai l’impression que ce n’est jamais assez bien »
« Je réalise pas trop en fait, s’amuse-t-elle. Bien sûr que je suis fière. Je ne vais pas dire que ce n’est que de la cuisine, mais ici, on est tellement dans le vrai. C’est moi qui réponds au téléphone. Les gens sont toujours surpris que je n’ai pas une standardiste et un chauffeur ! Je suis comme tout le monde. Au début, on ne se paie pas ! »
Pour cette réouverture, Coline Faulquier, pas très fan des paillettes et des strass, est en effet plutôt du genre stress, tendance perfectionniste hyperactive. « J’ai l’impression que ce n’est jamais assez bien, glisse-t-elle dans un sourire. Je ne suis jamais satisfaite. C’est un peu pénible. Mais j’apprends à vivre avec moi-même ! »
« Merde, on risque de la perdre »
Nouvellement étoilée dans ce drôle de contexte, Coline Faulquier se sent attendue, malgré le succès de la vente à emporter qu’elle a proposée pendant ce confinement. « Je me demande si je suis prête à rouvrir, souffle-t-elle. Je pense que je manque de maturité et de confiance en moi pour savoir dire : “Ecoutez, Monsieur, ici, c’est comme ça qu’on cuisine l’asperge. Si je la cuisine croquante, c’est que je la veux croquante.” Je suis très vite à douter à la moindre remarque. C’est ça que j’appréhende. »
Et de confier : « On la voulait, l’étoile. Maintenant, je ne pensais pas qu’elle arriverait si tôt dans une année si compliquée. Maintenant qu’elle est là, je me dis : “Merde. On risque de la perdre.” J’ai peur. J’aurais préféré qu’il me la mette l’année prochaine et que je sois plus sûre de moi. »
Une réussite qu’elle attribue avant tout à son équipe, et notamment ses deux plus proches collaborateurs. « J’étais plus contente de leur annoncer à eux que de me le dire à moi. » Une affection qui n’est pas que des mots : si la jeune cheffe n’ouvre son restaurant, qui affiche d’ores et déjà complet, que ce vendredi, c’est que le 9 juin est la date anniversaire de son chef de salle, que l’ensemble de l’équipe fêtera dignement… comme clients dans un restaurant de Marseille.
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