Vincent Merling, le président du Stade Rochelais, se confie à 20 Minutes avant la finale de Champions Cup face au Stade Toulousain ce samedi (17h45).A la tête des Maritimes depuis près de 30 ans, il voit dans ce match une juste récompense pour un club en pleine ascension depuis son retour en Top 14 en 2014.Pour lui, La Rochelle doit son changement statut à une humilité de tous les instants et une grande stabilité à tous les étages du club ces dernières années.

Il jure que même dans ses rêves les plus fous, il n’aurait jamais imaginé se retrouver en finale de la Champions Cup. Pourtant, Vincent Merling est bien à une marche de la remporter. Ce samedi à Twickenham, le président du Stade Rochelais et ses joueurs tenteront en effet de battre le grand Stade Toulousain pour s’offrir une première étoile sur le maillot des Maritimes. Ce club en pleine ascension depuis son retour en Top 14 en 2014, il le dirige depuis près de 30 ans. Il le connaît par cœur. Il l’a façonné à l’image de sa personne, simple et modeste.

Avant de rejoindre Londres pour assister au plus grand match de l’histoire du Stade Rochelais, Vincent Merling se livre à 20 Minutes sur son club de toujours.

Que ressentez-vous à quelques jours de cette finale ?

Déjà, la demi-finale a été un moment extraordinaire à vivre pour nous. Battre le Leinster a été quelque chose de phénoménal. Maintenant on est dans la dernière ligne droit avec une semaine extraordinaire à vivre. Ce sont des moments géniaux. Mais il n’y a pas de stress particulier, plutôt de l’excitation car on a envie d’y être et surtout le danger c’est de jouer le match à l’avance dans les têtes. Mais ça reste des jours d’exception et un grand privilège de vivre la préparation d’un tel match.

Click Here: leinster rugby shirtsQue représente pour le club ce match ?

Disons que c’est un événement auquel on aurait jamais imaginé participer, même dans nos plus grands rêves et ce n’est pas de la fausse humilité. Après c’est vrai que depuis sept ans et notre remontée en Top 14, on a fait deux demi-finales de championnat et une finale de Challenge Cup donc il faut qu’on arrive à se persuader que finalement, cela suit une certaine logique. Cela traduit le développement du club.

Aujourd’hui, le Stade Rochelais est-il un grand d’Europe ?

Non, je n’ai pas cette prétention. On fait surtout en sorte de grandir petit à petit. Vous savez ça fait 30 ans que je suis président et on a plus souvent joué des matchs de maintien ou d’accession au Top 14 avec des conséquences souvent très importantes pour l’avenir du club. Aujourd’hui, c’est avant tout un match de prestige, c’est une récompense pour tous ceux qui sont passés par le Stade Rochelais. Je pense qu’on mérite d’y être mais de là à dire qu’on est un grand d’Europe, non… En revanche, on rencontre un grand d’Europe et on va tenter d’être à la hauteur de l’événement.

Quelles ont été les grandes étapes pour vous de ces dernières années ?

Déjà, l’une de nos grandes forces, c’est la stabilité du club dans ses structures avec un projet économique et sportif cohérent. Il y a eu l’agrandissement du stade, la construction de notre centre de performances l’Apivia Park pour mieux préparer les joueurs. Je pense que c’est un ensemble de choses qui fait qu’on en arrive là aujourd’hui. Petit à petit, on s’est construit et d’une certaine manière aujourd’hui nous sommes récompensés. L’institution Stade Rochelais a surtout consolidé ses fondations et le plus important dans tout ça, c’est que nous sommes restés nous-mêmes avec nos valeurs et notre identité culturelle.

Justement, comment expliquez-vous cet engouement populaire autour du club ?

Aujourd’hui, il y a surtout un sentiment d’appartenance au club qui existe. Les supporteurs ont cette sensation d’appartenir à son club au même titre qu’un partenaire. On a tous construit le Stade Rochelais ensemble. Ce club, c’est avant tout une propriété collective. Le club appartient vraiment à chacun et c’est très important pour moi.

Quelle est la situation financière du Stade Rochelais aujourd’hui ?

Comme tous les clubs, on souffre terriblement. Peut-être même un peu plus que d’autres car nous ne sommes pas adossés à un mécène. Nous, on s’appuie sur une multitude de partenaires, autour de 600 à l’heure actuelle et c’est forcément compliqué quand on n’a pas de recette. Après il y a une chose très positive que ce soit du côté de nos partenaires ou de nos 13.000 abonnés, il y a une fidélité incroyable et un soutien financier important avec une grande solidarité. Et puis il y a les aides de l’Etat qui font que nous avons des pertes bien sûr mais qu’elles ne sont pas abyssales.

Quelle est l’identité de cette équipe de 2021 ?

Certes nous avons de belles individualités mais je crois surtout que c’est un gros collectif. C’est aussi une équipe qui a acquis une grande expérience grâce à des confrontations de très haut niveau.

Sentez-vous que le regard des autres a changé ?

Bien sur ! Comme je le disais ça fait 30 ans que je suis à la tête du club et par le passé, on n’avait notamment pas du tout accès à certains joueurs au niveau du recrutement. Aujourd’hui, c’est presque l’inverse avec des joueurs de très grande qualité qui souhaitent venir avec des installations sportives à la hauteur. Aujourd’hui, c’est beaucoup plus facile de faire venir un Will Skelton alors qu’il y a quelques années, on ne se posait même pas la question de la faisabilité d’une telle arrivée. Et le premier qui nous a rejoints c’est Victor Vito. Ce sont des joueurs de classe internationale qui apportent énormément dans le vestiaire et qui ont fait grandir le club.

Malgré tout, le Stade Toulousain reste pour vous le favori de cette finale ?

On a beaucoup de respect pour cette équipe qui est un grand d’Europe avec quatre étoiles sur le maillot. Toulouse, c’est Toulouse. Ce club a toujours trusté les titres. Maintenant, c’est à nous d’être à la hauteur de l’événement et je suis convaincu au fond qu’on a toutes nos chances dans cette finale. Ce serait lamentable et ridicule de dire le contraire et de se présenter pour dire qu’on est déjà content d’être là et juste participer à l’événement.

Malheureusement, il faudra faire sans vos supporteurs…

Ça, c’est une grande tristesse ! Jouer un tel match sans eux, c’est une forme de punition. On ne pourra même pas emmener tous les joueurs qui ont participé à cette campagne de Champions Cup pour vous dire. C’est vraiment triste. Mais bon, c’est comme ça, on essaie de ne pas trop y penser.

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