Ju lit les Mots, blogueuse et contributrice du groupe de lecture 20 Minutes Livres, vous recommande Comme nous existons de Kaoutar Harchi, paru le 18 août 2021 aux Éditions Actes Sud.
Sa citation préférée :
Et jamais je ne sus l’aimer, cette mère, sans cacher au creux de cette dévorante passion une demande de pardon. Inclination née de ce que j’observais chaque jour : cette lutte pour que je sois assurée, rassurée, dans ce monde, d’avoir, quelque part, une place. Une lutte menée en mon nom – c’est pour toi que je fais cela – sans plainte ni regret. Anonyme, cette lutte, tapie dans l’ombre des vies parentales postcoloniales, une lutte dont j’étais à la fois l’objet, le sujet et le témoin.
Pourquoi ce livre ?
Parce que l’autrice prend un risque en livrant une part d’elle-même, de son enfance, son adolescence, ses souvenirs. Une manière d’exorciser ses démons, pour ainsi se libérer de la souffrance face au racisme qu’elle a vécu. Une blessure qu’elle avait gardée en elle depuis plusieurs années.Parce que ce n’est pas un simple roman. Kaoutar Harchi, à travers ce récit intimiste, se livre à plusieurs confidences sur son statut de fille d’immigrés en évoquant ses parents et les espoirs d’ascension sociale qu’ils nourrissent pour elle et à travers elle.Parce que l’autrice retrace ses années d’apprentissage, confrontée à la violence verbale, à la recherche d’une place dans ce monde qui lui permette d’être elle-même, sans toujours être confrontée à son statut de fille d’immigrés. Elle use de belles phrases, pour évoquer ses parents, sa mère notamment, avec beaucoup d’amour, de respect, de pudeur, en continuelle recherche de l’approbation parentale, en égrenant des souvenirs qui mettent en lumière les blessures, les peines enfouies.Parce qu’un passage du livre est particulièrement émouvant, et reflète parfaitement le mal-être ressenti par l’autrice, mais surtout la vulnérabilité de l’enfance. C’est au collège (catholique), qu’elle découvre de belles jeunes filles blondes, gracieuses, aux yeux bleus. En expliquant qu’elle ne s’est jamais sentie aussi laide et gauche. Les moqueries et les méchancetés de ces filles ramèneront Kaoutar Harchi à ses origines maghrébines. Une violence qui laissera des traces, des morsures et dont elle ne comprendra toute la profondeur que des années plus tard.Parce que la sociologie lui ouvrira la voie des possibles et lui permettra non pas de s’affranchir de l’immigration, mais de comprendre l’impact qu’elle a eu sur elle, sur ses parents et les immigrés d’une manière générale. C’est à travers l’écriture, que Kaoutar Harchi, devient la porte-parole des enfants de l’immigration postcoloniale, mais surtout, c’est à travers elle que sa parole devient politique, largement revendiquée par certains passages et propos notamment sur la conscience des immigrés d’être dominés, d’accepter cette domination, pour permettre à leurs enfants de s’élever.
L’essentiel en 2 minutes
L’intrigue. Autobiographie et éveil à la politique de l’autrice à travers la prise de conscience de son appartenance à l’immigration postcoloniale.
Les personnages. L’autrice, ses parents, Hania et Mohamed et quelques personnages qui gravitent autour d’elle, mais sans jamais être des personnages importants.
Les lieux. Enfance dans l’est de la France à Paris et son entrée en master de sociologie.
L’époque. Fin des années 1980 à l’an 2000
L’auteur. Kaoutar Harchi est chercheuse en sociologie. Aux éditions Actes Sud, elle a également publié L’Ampleur du saccage (2011) et À l’origine notre père obscur (2014). Chez Pauvert, en 2016, un essai intitulé Je n’ai qu’une langue, ce n’est pas la mienne.
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Ce livre a été lu comme une plongée dans les méandres de la vie de l’autrice où sa plume devient l’étendard bouleversant, des immigrés face au racisme endémique de notre société, par laquelle elle évoque, les révoltes des banlieues de 2005, de son passage à l’âge adulte et de son éveil à la politique…
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20 Minutes de contexte
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