Le cancer du poumon constitue la principale cause de décès par cancer. Face à ce fléau, certains pays dont les Etats-Unis ont mis en place un dépistage ciblé des fumeurs. Mais la participation à ce dépistage y reste très largement insuffisante.
Sommaire
- Le dépistage du cancer du poumon mis en place depuis 2013 aux Etats-Unis
- Seuls 1,9 % des fumeurs se font dépister
- “Notre pays a besoin d’une campagne nationale pour encourager le dépistage du cancer du poumon”
Le dépistage du cancer du poumon mis en place depuis 2013 aux Etats-UnisDepuis 1999, plusieurs études1,2 attestent de l’efficacité d’un
dépistage du cancer du poumon par scanner thoracique à rayons x à faible dose chez les gros fumeurs ou anciens gros fumeurs. Selon la plus vaste étude sur le sujet (National Lung Screening Trial – NLST)3, une telle pratique permet une réduction de la mortalité par cancer du poumon de 20 % et de la mortalité toutes causes de 6,7 %. Des bénéfices aussi bons que pour le dépistage du cancer du sein (selon l’institut national du cancer, la réduction de la mortalité du cancer du sein liée au dépistage est de l’ordre de 15 % à 21 %).
En France, la Haute Autorité de la Santé ne l’a pas jugé utile en janvier 20164, même si des expérimentations sont prévues dans le cadre du plan cancer 2014-2019. Mais aux Etats-Unis5-11, ce dépistage est donc recommandé depuis 2013 par les autorités sanitaires américaines aux personnes âgées de 55 à 80 ans, fumeurs ou anciens gros fumeurs (ayant fumé au moins 30 paquets de cigarettes par an)12.
Seuls 1,9 % des fumeurs se font dépisterMalgré ces recommandations, l’analyse de 1 796 sites américains de dépistage du cancer du poumon révèle que seulement 1,9 % de plus de 7 millions des fumeurs concernés y ont participé en 2016 (dans le détail : 141 260 fumeurs sur les 7 612 975 candidats au dépistage). En comparaison, le taux américain de dépistage du cancer du sein était de 65% en 2015 !Présentée lors du congrès de l’ASCO 201813, cette première évaluation s’est basée sur les données de quatre régions des États-Unis : Nord-Est, Sud, Midwest et Ouest et sur les estimations du nombre de fumeurs éligibles du National Health Interview Survey de 2015.
“Les taux de dépistage du cancer du poumon sont beaucoup plus faibles que pour le cancer du sein et colorectal, ce qui est regrettable“, a déclaré le Pr. Danh Pham du Centre de recherche sur le cancer James Graham Brown de l’Université de Louisville. “On ne sait pas si ce faible dépistage est dû à un accès difficile à ces structures (certains médecins ne sont toujours pas convaincus de la pertinence de ce dépistage) ou à des obstacles psychologiques, le patient ayant peur du diagnostic. Le cancer du poumon est particulier en ce sens qu’il peut y avoir une certaine stigmatisation associée au dépistage, car certains fumeurs pensent que si un cancer est détecté, cela confirmerait qu’ils ont fait un mauvais choix de mode de vie“.“Notre pays a besoin d’une campagne nationale pour encourager le dépistage du cancer du poumon”Les auteurs soulignent pourtant qu’un dépistage efficace permettrait d’éviter 12 000 décès liés au cancer du poumon par an aux Etats-Unis. L’évaluation préliminaire des taux de dépistage du cancer du poumon en 2017 semble attester d’une très légère augmentation, encore nettement insuffisante selon les auteurs.”Cette étude démontre clairement que notre pays a besoin d’une campagne nationale pour encourager le dépistage du cancer du poumon. Les campagnes des années 1990 sur les mammographies ont sauvé de nombreuses vies dans les années suivantes. Nous avons besoin d’un même effort pour inciter les gros fumeurs actuels et anciens à se faire dépister pour le cancer du poumon“, conclut le Pr. Bruce E. Johnson, président de l’ASCO.Click Here: Geelong Cats Guernsey