« Dune », film aussi épique que spectaculaire sur un jeune homme face à des enjeux politiques et familiaux, est sublime.Denis Villeneuve a rêvé pendant des années de porter à l’écran le chef-d’œuvre de Frank Herbert.Le réalisateur canadien n’en a adapté qu’une partie, laissant la place en cas de succès populaire à une suite.

Dune, c’est d’abord un monument de la littérature de science-fiction signé Frank Herbert (1943-2013). Denis Villeneuve a rêvé pendant plusieurs décennies de retracer le destin de Paul Atreides (joué par Timothée Chalamet). « A chaque fois qu’on me demandait ce que j’aimerais réaliser si je venais à Hollywood, Dune était le premier titre que j’annonçais », déclare Denis Villeneuve à 20 Minutes. Présentée à Venise puis à Deauville, cette première partie de la saga sort enfin en salle après avoir été reporté pour cause de pandémie.

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Après un projet abandonné par Alejandro Jodorovsky et une version controversée réalisée par David Lynch en 1984, le réalisateur canadien a gagné son pari. Faire de Dune, une fresque épique et grand public, à la fois fable philosophique comme Premier contact (2016) et production pharaonique comme Blade Runner 2049 (2018). « Je me suis placé dans une bulle comme si j’étais le premier à m’attaquer à ce livre qui m’obsède depuis si longtemps, insiste Denis Villeneuve. J’avais besoin d’une toile blanche pour livrer ma version. C’est comme ça que je travaille car j’aurais trouvé castrateur de me comparer aux grands maîtres qui m’ont précédé. »

Un rêve d’adolescent

Le réalisateur a découvert les romans quand il n’avait que 14 ans. « J’ai été fasciné par le parcours de ce jeune homme qui croule sous un poids de sa famille et d’enjeux politiques dans lesquels il ne se reconnaît pas, se souvient-il. Je trouvais passionnante la façon dont il va affirmer son identité au contact d’une autre culture qui va lui permettre de faire la paix avec une part de lui-même. »

Pour accompagner son héros, Denis Villeneuve a fait appel à une impressionnante pléiade de stars, Rebecca Ferguson, Zendaya, Charlotte Rampling, Oscar Isaac, Javier Bardem, Jason Momoa ou Stellan Sgarsgard ont accepté d’apparaître parfois dans de petits rôles ou tellement grimés qu’ils sont méconnaissables. Les personnages se battent pour l’Epice, une précieuse substance génératrice d’énergie pour laquelle ils s’entre-tuent et saignent la nature à blanc.

Une fable écologique

« Frank Herbert a tiré parti de ses connaissances en biologie pour bâtir un monde unique, insiste Denis Villeneuve. Dune, c’est de la poésie pure qui me touche au plus profond de l’âme. » La vision de cinéaste rend justice à l’œuvre dans des paysages sublimes. Denis Villeneuve a voulu tourner le plus possible en décors naturels notamment dans le désert écrasant de beauté de la planète Arakis où évoluent des vers des sables géants. « J’ai longtemps eu peur de travailler à Hollywood parce que je craignais de ne pas avoir de liberté, se souvient-il. J’ai compris ensuite qu’il suffisait de choisir les bonnes personnes pour ne pas avoir de problèmes car je peux être très têtu quand j’estime que quelque chose sert mon film. »

Parmi ses collaborateurs les plus précieux se trouve le compositeur Hans Zimmer qui livre une partition épique. « Il connaît le roman par cœur et c’est avec lui que j’ai eu les plus grandes discussions à ce sujet, déclare le réalisateur. Je savais que sa musique allait m’aider à rendre compte de l’état intérieur des personnages en donnant des indices sur leurs états d’âme. » Ce spectacle grandiose se révèle aussi une fable écologique faisant écho avec le monde moderne. « Le roman éclaire la réalité plus que jamais » reconnaît Denis Villeneuve qui n’a pas hésité à n’en traiter qu’une partie, ce qui laissera le spectateur en plein suspense, impatient de découvrir la suite qui n’est pas encore tournée.

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Même sans être un fan éperdu des romans de Frank Herbert, on ne peut que se laisser emporter par cette fable de science-fiction visuellement époustouflante. Denis Villeneuve, le réalisateur de Dune, possède à la fois le sens du grand spectacle et celui de l’intime. Il parvient à creuser la psychologie de ses personnages sans jamais lésiner sur les scènes d’action. S’il y a un (grand) film à déguster sur (très grand) écran en ce moment, c’est bien cette fresque qui rappelle en quoi le cinéma peut être un art tout autant qu’un divertissement.