L’association Musée Replay, qui porte un projet de musée du numérique et des jeux vidéo, cherche à récolter des fonds pour sa survie via une cagnotte en ligne.Elle possède des milliers de pièces de valeur dont la première console de jeux vidéo de l’histoire, sortie en 1972.Elle cherche un nouveau lieu de stockage à partir du début de l’année 2022.

« L’informatique, le numérique a changé notre civilisation en 60 ans et pourtant il n’existe pas de musée alors qu’on en a pour tout, y compris la carotte et la foudre, ça semble quand même fou ! », s’indigne Olivier Boisseau, ingénieur informaticien et fondateur de Musée Replay. L’association girondine porte le projet d’un lieu d’exposition permanent pour le patrimoine numérique. Des milliers de pièces, dont certaines sont très rares, sont stockées dans un entrepôt à Martillac, en Gironde, mais elles sont en péril. La crise sanitaire a empêché la tenue des expositions qui permettent de faire vivre l’association alors, pour sauvegarder ces collections et envisager un futur musée, elle a lancé une cagnotte. Elle cherche aussi de toute urgence un nouveau lieu de stockage pour le début d’année.

C’est une mer d’ordinateurs, de consoles, d’écrans à tubes cathodiques, de bornes d’arcade et d’accessoires informatiques qui s’offre à la vue quand on entre dans l’entrepôt de stockage de Musée Replay. D’un côté le premier jeu d’arcade de voiture, qui remonte à 1976, avec un design arrondi peu courant et son volant rouillé, un peu plus loin on trouve une borne d’arcade de 1969 qui est électromécanique. « A l’intérieur ce sont des sortes de chaînes de vélo qui font tourner un décor sur un tambour, avec des lampes derrière et la route s’affiche sur l’écran par un jeu de miroirs, c’est hyper ingénieux », s’émerveille Olivier Boisseau. Collectionneur, il a commencé à chiner des pièces dans les années 1990 et 2000. « A l’époque on récupérait de tout pour rien », résume-t-il. A la fin des années 1990, ce passionné de l’histoire de l’informatique a conçu un site dédié, baptisé oldcomputers.com, qui existe toujours.

Click Here: custom injection moldingDes pièces rares

On passe devant une Game Boy géante (fonctionnelle) créée pour les expos, avant d’arriver devant l’une des pièces les plus rares : la première console de jeu vidéo Magnavox Odyssey 1972. Elle est tellement simple au niveau technologique que beaucoup d’accessoires sont nécessaires : cartes, dollars, jetons mais aussi des décors en plastique qui se fixent sur l’écran de la télé grâce à l’électricité statique. Et attention, l’ordinateur ne peut pas déceler qui triche ou remporte la manche donc il faut bien surveiller son adversaire. Il y a par exemple un jeu du chat et de la souris dans un labyrinthe. « C’est dix ans avant Packman, rappelle Olivier Boisseau. Rien d’autre n’existe à cette époque-là ! » Autre trésor de la collection : le premier ordinateur personnel, de marque Olivetti. Il remonte à 1965 et n’a pas d’écran : toutes les sorties se font sur un petit rouleau de papier.

Petit cocorico devant le Micral car le premier micro-ordinateur c’est-à-dire le premier ordinateur personnel à utiliser un microprocesseur est français. « Il y en a cinq dans le monde, c’est une pièce très rare, commente Olivier Boisseau. C’est une fierté et ça a toute sa place dans un musée. Alors que les Etats-Unis et l’Angleterre étaient en avance à cette époque, il a été créé par un ingénieur français et une société française. »

Un projet culturel

L’idée est de proposer une vraie médiation culturelle sur l’histoire de l’informatique et pas seulement de « poser des machines sur des tables », tient à souligner Olivier Boisseau. Sur le Minitel par exemple, il explique que l’image ringarde qui lui colle à la peau rétrospectivement n’est pas justifiée. « En le réinsérant dans l’histoire, on comprend que c’était une innovation française dans l’apparition des réseaux planétaires, pointe le fondateur de Musee Replay. Et pour le rendre ludique, on peut imaginer rebrancher des Minitels à des serveurs par exemple ». L’association remet en état les appareils qu’elle récupère et environ la moitié des pièces stockées sont fonctionnelles.

Au-delà de la nostalgie attachée à toute collection, celle-ci peut servir à une médiation ludique, met en avant le fondateur de Musée replay. Les visiteurs les plus âgés montrent souvent à leurs enfants les jeux auxquels ils s’adonnaient et ils finissent par faire une partie. Pour une console de jeux, l’association estime qu’il faut laisser passer deux générations pour parler de rétrogaming. La Play Station 3 en fait déjà partie et « on achètera une PS5 dans 15 ans », espère Olivier Boisseau, qui croit dur comme fer à ce projet d’un premier musée du numérique.

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