Ingrid Betancourt a passé six ans dans les mains des Farc. C’est en rencontrant une Argentine exilée en France pour avoir été séquestrée et violentée que la Franco-Colombienne a trouvé l’héroïne de sa première fiction, La Ligne Bleue.
Gala : Pourquoi avoir eu envie d’écrire ce premier roman, La Ligne Bleue (Gallimard) ?
Ingrid Betancourt : J’ai découvert le plaisir d’écrire avec Même le silence a une fin (Gallimard). J’avais envie de me remettre dans cette bulle qu’est l’écriture et de plonger, cette fois-ci, dans la fiction, peut-être pour parler d’autre chose que du passé. C’était un exercice intimidant, je ne savais pas si je serais capable de créer un monde. Je voulais aussi faire la part à l’irrationnel qui est présent dans nos vies, même si on refuse souvent de se l’avouer. J’y ai réfléchi pendant une longue année. La trame s’est construite à partir de coïncidences. Je m’intéressais aux révolutionnaires argentins, souvent fils de familles huppées, qui ont décidé de se confronter avec le régime pour défendre la liberté des autres. Et puis, j’ai rencontré une femme originaire d’Argentine qui m’a raconté qu’elle avait été séquestrée et torturée avant de s’exiler en France. J’avais trouvé mon héroïne.
Gala : Comment fait-on pour ne pas se laisser abîmer par le vécu qui est celui de Julia, votre personnage, et qui fut le vôtre en partie, après six années de captivité en tant qu’otage des Farc ?
I. B. : Il faut trouver la bonne fréquence pour être en syntonie avec le meilleur en soi. Rien ne sert de se plaindre, de se victimiser. La gratitude est un élément essentiel. Il est important de réaliser que rien ne nous est dû pour profiter de tout ce qui est aimable autour de nous. Il faut en particulier avoir conscience de l’autre, être à son écoute même s’il est différent de nous.
Gala : Votre famille vous a-t-elle soutenue dans l’écriture de ce nouveau livre ?
I. B. : Maman était en vacances avec moi lorsque j’ai commencé à écrire. Après mon jogging matinal, je petit-déjeunais avec elle, puis j’écrivais à mon bureau pendant des heures. En fin de journée, je lui racontais mon parcours d’écriture. J’observais sa réaction, si elle trouvait cela ennuyeux, j’opérai des changements. Nous nous ressemblons beaucoup. Elle est passionnée de politique, nous voyons les choses de façon semblable. Elle est en plus très intuitive. Ma fille, Mélanie, a lu les premières versions du manuscrit et m’a aidée à retravailler le début. Mon fils, Lorenzo, l’a découvert une fois terminé. Au départ, il a cru que Julia c’était moi. Se détacher de cette idée lui a permis d’appréhender le livre comme un vrai roman. Il m’a dit avoir trouvé le personnage de Julia trop superwoman. Pour moi, au contraire, Julia est pleine de failles. Et c’est ce qui me touche chez elle.
> Découvrez dans son intégralité l’interview d’Ingrid Betancourt dans notre prochain numéro Gala, à paraître le 9 juillet.
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