Les boxeurs français sont passés à côtés de leur épreuves au Japon, cinq ans après le triomphe de Rio (six médailles).L’ancien DTN de la discipline, en poste pendant toute l’olympiade, s’explique sur ce fiasco imprévu.

De notre envoyé spécial,

Six médailles à Rio, aucune à Tokyo. Le retour sur terre est sévère pour la boxe française, passée complètement à côté du rendez-vous japonais. Bien sûr, Mourad Aliev a été disqualifié injustement dimanche en quarts de finale, privé d’une médaille à quatre secondes de la fin de son combat. Bien sûr, l’arbitrage n’a pas favorisé les représentants tricolores dans l’ensemble, mais il ne faut pas avoir la mémoire courte : au Brésil, personne ne s’était indigné de voir certains rounds très équilibrés accordés à la team solide. Patrick Wincke, DTN en poste pendant l’olympiade, explique les raisons de cet échec indiscutable.

Comment expliquer le fiasco de la boxe française cinq ans après le triomphe de Rio ?

Alors on savait qu’on ne ferait pas aussi bien qu’il y a cinq ans dès le départ, c’était un bilan exceptionnel. Mais en plus s’est rajoutée une olympiade pas très sereine, pendant laquelle on a dû changer trois fois de stratégie à cause de la pandémie.

Click Here: north queensland cowboys rugby storeEst-ce que les athlètes engagés ont quelque chose à se reprocher ?

Disons que ça a commencé par Samuel [Kistohurry]. Et une olympiade qui commence mal… Il a le tort de perdre le premier round, il gagne ensuite les suivants, l’Américain fait plus rien, mais un juge lui donne quand même le round. Maeva [Hammadouche], on savait que c’était un adversaire difficile pour elle. Bilal [Bennama] a été actif, mais il a manqué de précision dans ses coups. Son élimination n’est pas scandaleuse. Mourad [Aliev], ce sont des choses que je ne comprends pas, avec les moyens de la vidéo. Et Sofiane [Oumiha] a pris un K.-O. ; on était abasourdis sur le coup, mais le protocole a montré qu’il n’avait pas récupéré. Mais tous les cinq avaient le potentiel pour aller en finale.

Pourquoi n’a-t-on pas été capable d’en qualifier plus de cinq ?

On devait organiser un tournoi mondial qualificatif à Paris un mois avant les JO, avec l’idée que si ça se passait mal au tournoi européen, on aurait une deuxième chance en réintégrant certains athlètes. Mais le TQO mondial a été annulé, et on ne pouvait plus changer les athlètes inscrits un an avant au tournoi européen. On fait quand même quatre finales chez les hommes ce jour-là, c’est pour ça que le manager général a annoncé qu’ils pouvaient tous être médaillés.

Qu’est-ce qu’aurait changé ce tournoi mondial ?

On savait que la plupart des médaillés de Rio avaient fait un choix professionnel et ne retourneraient pas aux Jeux. Mais la stratégie au départ, c’était que certains boxeurs qui avaient fait médaille à Rio revenaient en cas de mauvaises surprises lors du tournoi européen. Ça n’a pas pu se faire en raison de cette annulation du TQO mondial.

Dans l’idéal, qui auriez-vous aimé reconduire ?

Mathieu Bauderlique, en bronze au Brésil, et à la limite Souleymane Cissokho, si les Jeux n’avaient pas été reportés d’un an. Surtout, on aurait pu amener de la concurrence jusqu’au bout, et cela aurait peut-être permis de faire émerger quelques jeunes boxeurs plus vite.

Peut-on redresser la barre d’ici 2024 ?

Depuis un an, on a établi deux staffs, dont un qui travaille exclusivement sur Paris. On a une génération qui arrive chez les filles, avec bons résultats aux Euros de -22 ans. C’est là où il y a le plus gros du travail. Chez les garçons, la génération est déjà là. Bilal va rester, Mourad peut refaire les JO… Et puis il y a les anciens qui crient haut et fort qu’ils vont revenir parce que c’est Paris. Cette émulation avec les JO à la maison en perspective promet beaucoup. Le fait d’être pays organisateur est important, le processus de qualification sera plus simple. Globalement, on est assurés de pouvoir être présents dans chaque catégorie. 14 athlètes au lieu de cinq, ce n’est pas la même chose.

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