La crise financière de 2008 aurait fait augmenter le nombre de cancers dans les pays de l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE), selon une étude parue dans .
Si aux Etats-Unis, les chercheurs ont dénombré 18 000 décès supplémentaires par cancer entre 2008 et 2010, il n’y en a eu "que" 1 500 en France.
Entre 2008 et 2010, il y aurait eu une augmentation de 260 000 morts par cancer dans les pays de l’OCDE. Parmi ces décès, 160 000 ont été recensés dans l’Union européenne. Selon les chercheurs, cette progression à la hausse s’évaluerait à “500 000 morts supplémentaires par cancer dans le monde sur la même période”, révèle le Dr Mahiben Maruthappu, un des auteurs de l’étude.La qualité des soins impactée par les coupes budgétairesPour arriver à ce constat, les chercheurs se sont intéressés à la situation économique, aux mesures politiques publiques et à la mortalité par cancer dans plus de 70 pays. Les travaux ont donc porté sur une population de deux milliards de personnes.Après avoir analysé les chiffres de la mortalité par cancer dans ces pays, les auteurs de l’étude se sont aperçus qu’il y avait une “corrélation chronologique” entre la situation économique d’un pays et la santé de sa population. Ce lien se fait à trois niveaux :
- Les économies réalisées par les Etats à travers des coupes budgétaires (pour faire face à la crise), notamment dans la santé ont impacté la qualité des soins offerts aux patients.
- Les malades, en difficultés financières, n’ont pas toujours eu accès aux soins (dans les pays où l’accès aux soins est payant). Certains ont par conséquent obtenu un diagnostic tardif ou des traitements retardés par manque d’argent pour les obtenir.
- La crise a fait augmenter le nombre de chômeurs. Or, il a été prouvé par des études que le chômage nuit à la santé.
La couverture de santé générale a sauvé des viesSi aux Etats-Unis, les chercheurs ont dénombré 18 000 décès supplémentaires par cancer entre 2008 et 2010, il n’y en a eu “que” 1 500 en France. Cette différence serait liée à la couverture sociale. “Nous avons découvert que la hausse du chômage était associée à une augmentation de la mortalité par cancer mais que la couverture de santé générale protégeait la population contre ces effets”, explique le Dr Maruthappu. La France et sa politique d’accès aux soins pour tous a donc permis de sauver des vies.Les cancers “curables” ont le plus augmentéL’étude indique que les cancers dits “curables” (dont le taux de survie est supérieur à 50%) ont davantage progressé entre 2008 et 2010, que les cancers dits “incurables” (taux de survie inférieur à 10%). Pour les scientifiques, la progression des cancers de la
prostate, du
sein, du
poumon chez les hommes et des
cancers colorectaux pendant cette période est liée aux difficultés d’accès aux soins.