Nous possédons tous un sens moral plus ou moins développé. Mais pourquoi certains d’entre nous se montrent plus à cheval sur l’éthique que d’autres ? Notre comportement moral peut-il changer en fonction du contexte? Des chercheurs néerlandais et américains se sont penchés sur la question.

Selon cette étude parue dans la revue

Nature Communications menée par des chercheurs de l’université de Radboud (Pays-Bas) et de Dartmouth (Etats-Unis), certaines personnes peuvent déroger à leurs principes moraux en fonction des circonstances.L’opportunisme moral modifie notre sens de l’éthiquePour examiner la prise de décision morale dans le contexte de la réciprocité, c’est-à-dire une interaction sociale basée sur le principe de donner et de recevoir, les chercheurs ont conçu un test appelé “jeu de la confiance du multiplicateur caché”.A partir de cette méthode, les auteurs de l’étude ont analysé la prise de décision des participants selon trois catégories de principes moraux :

  • L’aversion pour l’iniquité (où les gens font preuve de réciprocité parce qu’ils veulent obtenir des résultats équitables) ;
  • L’aversion à la culpabilité (faire une bonne action par sentiment de culpabilité) ;
  • L’opportunisme moral.

Les résultats révèlent pour la première fois que des modèles uniques d’activité cérébrale sous-tendent les stratégies d’aversion pour l’injustice et d’aversion pour la culpabilité, même lorsque ces stratégies donnent le même comportement. Pour les participants “moralement opportunistes”, les chercheurs ont observé que leurs schémas cérébraux basculaient entre les deux stratégies morales dans différents contextes. “Nos résultats démontrent que certaines personnes sont beaucoup plus souples et appliquent des principes moraux qui diffèrent selon la situation”, explique Chang. “Cela peut expliquer pourquoi les gens que nous aimons et respectons font parfois des choses que nous trouvons moralement répréhensibles”, conclut-il.Des règles morales finalement très malléables”Alors que la plupart des gens ont tendance à se préoccuper des autres, certains peuvent faire preuve ‘d’opportunisme moral’, c’est-à-dire qu’ils veulent donner l’impression d’être justes mais agissent en réalité dans leur propre intérêt“, analyse Jeroen van Baar, ancien chercheur à l’Université Radboud et co-auteur de l’étude.”Dans de nouveaux contextes, comme en temps de guerre, nous pourrions constater que les règles morales que nous avons toujours pensé suivre sont en fait très malléables” ajoute Luke J. Chang, deuxième co-auteur de l’étude et directeur du Computational Social Affective Neuroscience Laboratory (Cosan Lab) de l’université de Dartmouth.Ces résultats remettent en cause les recherches antérieures en économie, psychologie et neurosciences, qui reposent souvent sur le principe selon lequel les personnes sont motivées par un principe moral unique, qui reste constant dans le temps.Nous possédons tous un sens moral plus ou moins développé. Mais pourquoi certains d’entre nous se montrent plus à cheval sur l’éthique que d’autres ? Notre comportement moral peut-il changer en fonction du contexte ? Des chercheurs néerlandais et américains se sont penchés sur la question.