La trisomie 21, ou syndrome de Down, est une des causes génétiques les plus fréquentes de retard mental. Une équipe américaine a réussi à bloquer les symptômes cognitifs de cette maladie chez la souris, l’amenant à des capacités d’apprentissage et de mémorisation comparables à une souris normale.
Des chercheurs américains identifient une nouvelle voie de recherche prometteuse pour inverser les symptômes de la trisomie 21.
A l’origine de la trisomie 21 ou syndrome de DownCette maladie se traduit par une copie surnuméraire du chromosome 21 (3 au lieu de 2), ce qui signifie une copie supplémentaire de plus de 300 gènes. Plus de 60 000 personnes en France sont porteuses d’une
trisomie 21. Et un enfant sur 800 est atteint par cette maladie. Première cause de handicap mental, la trisomie 21 entraîne également des problèmes physiques, notamment une susceptibilité aux affections ORL et des malformations cardiaques (dans 40 % des cas) qui peuvent aujourd’hui être diagnostiquées et opérées dès la naissance.
Depuis 20 ans, la prise en charge des personnes touchées par la trisomie a beaucoup évolué : accompagnement et scolarité adaptés, rééducation pour les troubles moteurs et du langage, meilleure intégration sociale, amélioration des soins médicaux… L’espérance de vie, qui ne dépassait pas 25 ans dans les années 1980 est aujourd’hui de plus de 50 ans.Trisomie 21 : la recherche médicale de plus en plus activeDepuis quelques années, la recherche contre cette maladie aboutit à des pistes très intéressantes. En juillet 2013, des chercheurs américains ont réussi à
“museler“ la copie surnuméraire du chromosome 21, responsable du syndrome de Down. Bien qu’ultra-préliminaires (étude sur des cellules en culture), cette avancée pourrait ouvrir la voie à de nouveaux traitements de cette anomalie génétique.Aujourd’hui, une autre équipe américaine a réussi à bloquer les symptômes de la maladie chez des souris, modèles de la maladie. “La plupart des personnes atteintes du syndrome de Down ont un cervelet qui a 60 % de la taille normale“ déclare le Pr. Roger Reeves, professeur de l’institut de médecine génétique du Johns Hopkins University School of Medicine. Le modèle animal utilisé par les chercheurs possède de nombreuses caractéristiques propres à la maladie (petit cervelet, difficulté d’apprentissage, de mémoire…). Des capacités testées chez la souris en étudiant sa capacité à accéder à une plateforme dans un labyrinthe d’eau.Une stratégie pour inverser les symptômes de la trisomie 21Les chercheurs se sont intéressés à une “voie de signalisation“ particulière baptisé hedgehog, un enchainement d’événements biochimiques important dans le développement du cerveau (notamment via la formation du composé Sonic Hedgehog). Ils ont utilisée une molécule baptisée Sag, capable de favoriser cette cascade d’événements. Grâce à une injection unique de cette molécule le jour de la naissance de la souris, ils ont réussi à normaliser la croissance du cervelet.Au-delà de cet effet sur la taille du cervelet, les scientifiques ont évalué le comportement des rongeurs. Ils ont constaté une amélioration de l’apprentissage et de la mémoire, à tel point que les souris traitées obtenaient les mêmes résultats que les souris normales. Un résultat surprenant car ces capacités ne sont pas gérées par le cervelet mais l’hippocampe, a priori non impacté par le traitement. D’un point de vue physiologique, il reste donc à déterminer l’action de cette molécule sur l’hippocampe ou sur la communication hippocampe-cervelet.Avant que ce composé ne puisse peut-être un jour aboutir à un traitement, il faudra évaluer son impact au niveau de tout l’organisme, des effets secondaires importants pourraient en résulter (notamment une augmentation du risque de cancer). Mais le potentiel de cette stratégie enthousiasme les chercheurs qui travaillent déjà à des manières de cibler plus spécifiquement l’action de sonic hedgehog au niveau du cervelet. “Le syndrome de Down est très complexe, et personne ne pense qu’il y aura demain une pilule miracle capable de normaliser les capacités cognitives. Des approches multiples seront nécessaires“ conclut néanmoins le Pr Reeves.David BêmeSources :Hedgehog Agonist Therapy Corrects Structural and Cognitive Deficits in a Down Syndrome Mouse Model – Sci Transl Med4 September 2013: Vol. 5, Issue 201, p. 201ra120 (
abstract accessible en ligne)Communiqué de la Johns Hopkins University School of Medicine – 5 septembre 2013