Si aujourd’hui, le sans-gluten a tout d’un effet de mode, il n’en reste pas moins que des milliers de personnes souffrent d’une véritable intolérance, les astreignant à vie à un régime sans gluten. Mais une récente découverte par une équipe de chercheurs Inserm/Inra pourrait changer la donne. En effet, ils ont réussi à mettre en évidence l’existence d’une protéine naturelle, l’élafine, qui permettrait de réduire la réaction inflammatoire caractéristique de cette maladie.
Les personnes intolérantes au gluten pourront-elles un jour consommer du pain sans désagréments ?
La maladie coeliaque, plus connue en tant qu’
intolérance au gluten, toucherait environ 500 000 personnes en France. Elle correspond à une intolérance digestive permanente au gluten, mélange de protéines que l’on retrouve dans la plupart des céréales et donc partout (ou presque) : pain, pâtes, biscuits, etc.L’élafine, impliquée dans les réactions inflammatoires
En fait les muqueuses intestinales réagissent au gluten comme s’il s’agissait d’un “ennemi“. Résultat : douleurs abdominales chroniques, diarrhées, crampes… Un quotidien difficile à vivre d’autant que trop souvent, cette maladie est peu diagnostiquée, ou alors assez tard. Le seul “traitement“ consiste à adopter un régime sans gluten, très contraignant sur le long terme.
D’où l’espoir suscité par cette récente découverte des chercheurs de l’Inra et de l’Inserm en collaboration avec des chercheurs de l’Université McMaster au Canada et de l’Ecole polytechnique fédérale de Zurich : une protéine naturellement présente dans l’organisme, l’élafine, permettrait de réduire la réaction inflammatoire caractéristique de cette maladie.
Click Here: PuttersDans un premier temps, les chercheurs avaient mis en évidence le rôle clé de l’élafine dans le processus anti-inflammatoire à l’œuvre lors de la dégradation du gluten dans l’organisme. Cette protéine est beaucoup moins présente chez les malades par rapport aux personnes saines. Un espoir de traitement de l’intolérance au gluten ?
Partant de ce constat, les chercheurs français ont alors tenté, avec succès, de faire produire cette protéine par la bactérie Lactococcus lactis. Puis, ils ont administré cette bactérie chez des modèles de souris intolérantes au gluten.
Résultat, ils ont constaté que l’élafine distribuée par la bactérie avait permis de réduire fortement la réaction inflammatoire !
Fort de cette découverte, qui a fait l’objet d’un dépôt de brevet en mai 2013 par l’Inra, les chercheurs espèrent aller plus loin pour pouvoir un jour, pourquoi pas, mettre un point un traitement curatif de la maladie cœliaque et de l’intolérance au gluten en général. Mais avant cela, il reste à “préciser le mécanisme des effets positifs de l’élafine dans la maladie cœliaque et à identifier des bactéries qui produisent naturellement des protéines aux propriétés anti-inflammatoires similaires à celles de l’élafine“ note le communiqué de presse.Yamina Saïdj
Source :
Une protéine naturelle, l’Elafine contre l’intolérance au gluten?, Communiqué de presse Inserm, 8 avril 2014
Etude :
Novel Role of the Serine Protease Inhibitor Elafin in Gluten-Related Disorders, H.J. Galipeau and al, American Journal of Gastroenterology, Avril 2014